Numéro spécial : Péri-implantites 1 septembre 2013
Auteur : Hadi Antoun
Revue et références : Le fil dentaire N°85-Septembre 2013
La prédictibilité des implants dentaires n’est plus discutable depuis le début de leur application au début des années 80. Il est, cependant, évident aujourd’hui qu’avec l’augmentation croissante de leur utilisation, l’apparition de péri-implantites semble en progression constante à moyen et long terme.
Les définitions de la mucosite et de la péri-implantite détaillées dans le premier article sont plus ou moins différentes parmi les divers consensuset sociétés savantes ayant travaillé sur le sujet.
La prévalence de cette maladie est cependant très variable suivant les études. Selon Lekholm en 1986, la perte osseuse après 7,6 années de mise en fonction n’était pas significative tandis que Koldsland en 2010 rapportait un taux de péri-implantite de 37 % au niveau des implants et chez 41 % des patients suivis. Ces chiffres alarmants et l’apparition dans nos cabinets de cas présentant des pertes osseuses péri- implantaires plus ou moins importantes souvent difficiles à contrôler nous ont poussé à nous interroger sur ce sujet. Renvert en 2012 compare sur une période de 13 ans des implants sablés à l’aide de billes en oxyde de titane avec une surface mordancée. L’incidence de la péri-implantite était de 32 % pour le premier et de 40 % pour le second sans différence significative. Il avait inclus dans ses statistiques les cas ayant perdu à partir de la première année au moins 1 mm d’os avec un saignement au sondage avec ou sans suppuration. Une autre équipe (Mir-Mari 2012) montre récemment une prévalence de péri-implantite chez
9,6 % des patients et sur 16,3 % des implants. La définition retenue était une perte osseuse de 2 spires ou plus avec un saignement au sondage ou une suppuration.
Qu’en est-il des patients atteints d’une maladie parodontale ? Y a-t-il une association entre maladie parodontale et perte osseuse péri-implantaire ? Swiekort (2012) rapporte que les patients traités pour une parodontite à progression rapide avaient 14 fois plus de risques de développer une péri-implantite (26 %) qu’un individu avec un parodonte sain (10 %). Par ailleurs, Cho-Yan Lee (2012) a comparé des sujets avec un historique de maladie parodontale à un autre groupe sain. En considérant un sondage de plus de 5 mm avec un saignement au sondage, la pré- valence était de 27 % pour les patients atteints de maladie parodontale et de 13 % pour les patients considérés comme sains. En prenant la radiographie comme indice de maladie avec une perte osseuse de plus de 3 mm, la prévalence baissait à 9 % et 3 % respectivement.
Qu’en est-il des extractions/implantations immédiates ? Augmentent-elles les risques de péri-implantites ? Rodrigo (2012) trouve, avec une mise en place immédiate ou différée des implants, le même taux de péri-implantite de 6 % à 5 ans avec des poches de plus de 4 mm et un saignement au sondage.
Qu’en est-il de l’importance de la prévention ? Plusieurs études ont pu démontrer que l’incidence de la péri-implantite diminuait chez les patients qui suivaient un programme de maintenance. Costa (2012) montrait un taux de 18 % chez les patients qui se faisaient suivre comparativement aux autres qui ne l’étaient pas et qui avaient un taux de 44%. La récente conférence de consensus en Espagne a conclu que le taux de péri-implantite n’était que de 2,7 % sur une période allant de 7 à 12 ans (Albrektsson 2012). Ces conclusions se sont basées sur les résultats de 3 études principale- ment ; Buser (2012) avec 2 %, Degidi (2012) avec 8 % et enfin Östman (2012) avec une prévalence de 2 %. La définition considérée dans ces études de la péri-implantite était dans la même lignée que celle de cette conférence de consensus et qui est la suivante : 
« Le terme péri-implantite est défini comme une infection avec suppuration associée à une perte osseuse évolutive après la période de remodelage osseux. »
Finalement la prévalence de la péri-implantite est très variable comme nous venons de le voir à travers les différentes études et celle-ci varie en fonction de la population étudiée mais aussi en fonction de la définition utilisée qu’il est urgent d’unifier. Ceci ne permet pas, malgré la multiplicité des études et des conférences de consensus, d’avoir une idée précise de la prévalence de cette maladie. À partir de ce constat, il semble évident qu’il sera difficile de tirer des conclusions précises sur les traitements possibles.
Cependant, nous avons voulu à travers ce numéro spécial dans « Le Fil Dentaire » inspiré de la très sérieuse thèse bibliographique soutenue récemment par notre confrère Jeremy Abitbol (2013), éclairer autant que faire se peut les lecteurs sur l’importance de cette maladie, en comprendre l’étiopathogénie, l’influence des états de surface, analyser les différentes options thérapeutiques disponibles et enfin souligner l’importance de la maintenance après la pose des implants.
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