Dr. Brenda Mertens : "Les meilleurs protocoles sont ceux qui sont simples, systématiques et reproductibles mais n’oubliez jamais que vous avez un humain en face de vous" 25 juillet 2022
Qu'est ce qui pousse à se tourner vers la dentisterie ? Pour certains, c'est une vocation. À l'image du Dr. Mertens qui, dès l'âge de 14 ans, oscille déjà entre rêves de chirurgie dentaire et défense des droits civiques. C'est vers les dents qu'elle se tourne, habitée d'une envie de donner ou redonner le sourire aux patients, plus particulièrement vers l'orthodontie, secteur dans lequel elle effectue plusieurs stages. Finalement, de l'Université d'Heidelberg (Allemagne), au CHRU de Montpellier, elle se tourne vers la parodontie, "spécialité qui allie le médical et le dentaire, qui respecte l’humain et ses tissus tout en redonnant le sourire au patient".
Membre du bureau national de la SFPIO (SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PARODONTOLOGIE ET D'IMPLANTOLOGIE ORALE) et considérée aujourd'hui comme l'une des spécialistes en Europe sur les pathologies implantaires notamment les péri-implantites, le Dr. Brenda Mertens est l'une de nos conférenciers invités mercredi 19 octobre à notre notre grande journée Implant pour Aujourd'hui et Demain. Son sujet ? "Le fléau des péri-implantites". Évidemment. Un rendez-vous incontournable, et pour vous faire patienter, nous l'avons rencontrée et lui avons posé quelques questions.
La dentisterie c’était une vocation, depuis petite ou c’est arrivé plus tard ?
En fait jusqu’à l’âge de 14 ans je voulais être soit chirurgien-dentiste soit avocate pour défendre les droits des femmes, l’égalité entre l’homme et la femme, le droit à l’éducation etc... ce sont certes toujours des thématiques qui me tiennent vraiment à coeur mais en voyant un peu plus le
déroulement des études de droit grâce à ma cousine, il me manquait vraiment ce côté manuelle, créatif, humain, médical que je retrouvais plus avec le dentaire. Et donc à l’âge de 14 ans j’étais fixée et j’ai commencé à réaliser des stages chez des praticiens plusieurs semaines de suite pendant plusieurs étés consécutifs.
Au cours de vos études de dentisterie, qu’est ce qui vous a fait vous diriger vers la parodontologie ?
Très bonne question. En effet quand j’ai commencé mes études je voulais à tout prix devenir orthodontiste car mes différents stages dans cette spécialité m’avait passionnée, que je trouvais la démarche intellectuelle des plans de traitement fascinante et que je souhaitais redonner le sourire à nos patients. Au cours de mes études, j’ai donc comme nous tous eu des cours de parodontologie et ce n'est vraiment qu’en 4ème année que je me suis dit que c’était cette spécialité que je voulais apprendre.
Une spécialité qui alliait le médical et le dentaire, qui prenait en compte le patient dans sa globalité, qui était vraiment au coeur des traitements, qui permettait aussi grâce à la chirurgie, de corriger ou de régénérer des défauts et qui permettait aussi d’avoir une approche minimalement invasive dans tout le volet chirurgical. De plus, je me suis prise de passion pour la chirurgie plastique parodontale. C’est donc une spécialité qui respecte l’humain et ses tissus tout en redonnant le sourire au patient. Mon objectif final n’a pas changé, juste ma voie de spécialité. Cela dit j’ai toujours un faible pour l’orthodontie et j’adore collaborer avec mes collègues orthodontistes dans la prise en charge de nos patients paro/ortho.
Quelle part représente le rôle de conférencière dans votre pratique ? Pourquoi partager votre expérience est important pour vous ?
Je pense que j’ai bien un quart voire un tiers de mon temps qui est consacré au partage en tant qu'enseignante et conférencière. Mais pas plus car il est important de continuer à pratiquer, à rester “sur le terrain” afin de pouvoir non seulement partager les dernières données acquises de la science mais aussi la vraie vie clinique. Mon métier est une réelle passion , j’aime partager et surtout échanger avec mes collègues afin qu’on continue d’apprendre les uns des autres.
Quel est le conseil que vous donnez souvent lors de vos interventions ?
Les meilleurs protocoles sont ceux qui sont simples, systématiques et reproductibles mais n’oubliez jamais que vous avez un humain en face de vous.
Quel est votre espoir pour le monde de la dentisterie ?
Très sincèrement j’espère qu’un jour on aura la possibilité de faire “pousser” des dents à partir de cellules du patients de manière assez simple, qu’on puisse ensuite les implanter dans la bouche ou les faire “pousser” même directement dans la bouche de nos patients. On sait bien que le meilleur implant c’est la dent.
Vous êtes considérée aujourd’hui parmi les meilleures expertes dans les pathologies implantaires notamment les péri-implantites. Pensez vous que les implants soft tissue level sont à même de réduire la prévalence de cette pathologie ?
Tous les implants sont concernés par les pathologies péri-implantaires. En effet, il est important de bien connaître son système implantaire pour le poser dans les meilleures conditions requises afin d’éviter au mieux la survenue de ces pathologies. Ce qui diffère entre les surfaces, c’est la progression des ces pathologies une fois qu’elles sont présentes. En effet, la progression sera bien plus rapide sur une surface rugueuse avec des micro-rugosités que sur une surface lisse.
Quel serait l’impact des surfaces hybrides sur les péri-implantites ?
Pour l’instant on a pas de données scientifiques sur le long terme mais on peut supposer qu’on allie les bienfaits de la surface rugueuse pour une belle ostéointégration et d’une surface plus lisse qui permettra en présence d’une pathologie péri-implantaire, une progression plus lente et plus facilement maîtrisable.
Quel serait le rôle des surfaces concaves dans le renforcement du manchon muqueux péri-implantaires ?
Les surfaces ou profils plus concaves peuvent être intéressants en termes de gestion des tissus mous dépendant le profil du patient, mais si on prend en compte les dernières données acquises de la science, il sera important de ne pas dépasser un angle de 30° afin d’éviter le risque plus accrue de la survenue des pathologies péri-implantaires.