Dr. Eric Rompen : "Les implants Soft-tissue Level et monoblocs sont des implants de grande qualité sur le plan biologique" 14 juin 2022
Qu'est ce qui pousse à se tourner vers la dentisterie ? Pour certains, c'est le sang de la veine, la passion qui se transmet de père en fille, de mère en fiston, de famille en famille. Pour certains, ça arrive comme ça, sans prévenir. Puis pour d'autres, c'est une vocation depuis tout petit, le souvenir d'une mauvaise carie mal soignée, une rencontre d'enfance qui donne envie de donner ou redonner le sourire, un déclic qui ne s'annonce pas, mais se vit, se respire. C'est le cas du Dr. Éric Rompen, Chef du service de Parodontologie – Chirurgie bucco-dentaire, CHU de Liège, de 1999 à 2018 et ex-Président de la Société belge de Parodontologie. Aujourd'hui praticien dans le privé, il est l'un desconférenciers internationaux invités de la grande journée de conférence Implant pour Aujourd'hui et Demain du 19 octobre 2022.
Invité à intervenir sur le thème des : Facteurs influant sur la qualité et la stabilité du complexe ostéo-muqueux, nous avons souhaité poser quelques questions à l'Universitaire belge, connu pour ses conférences passionantes, sa grande pédagogie et sa sympathie. De son penchant pour l'ébénisterie à ses espoirs pour le monde de la dentisterie, en passant par son avis sur l'apport d'un col implantaire rétréci au complexe ostéo-muqueux, rencontre avec Dr. Éric Rompen, à seulement quatre mois de la grande journée IAD !
La dentisterie c’était une vocation, depuis petit ou c’est arrivé plus tard ? Comment c’est venu ?
Ma vocation depuis tout petit m’orientait vers la médecine et la chirurgie.
Et ce qui a été présent depuis mon plus jeune âge est une passion pour les travaux manuels en tous genres.
Lorsque l’heure du choix des études est arrivé, j’ai perçu avec une grande lucidité qu’une part de travail manuel était nécessaire à mon bonheur. En d’autres termes, s’il m’avait fallu faire un choix, j’aurais préféré être ébéniste plutôt que médecin généraliste ou interniste, malgré mon attrait pour le médical.
N’ayant pas la certitude que la compétition des études de médecine me permettrait d’obtenir un poste dans une discipline chirurgicale, j’ai fait le choix de la dentisterie, puis je me suis progressivement dirigé vers la parodontologie et l’implantologie, disciplines essentiellement chirurgicales … Je n’ai jamais regretté mon choix et en suis toujours ravi !
Au cours de vos études de dentisterie, qu’est ce qui vous a fait vous diriger vers la parodontologie ?
J’ai d’abord accompli une spécialisation en réhabilitation orale, essentiellement centrée sur la prothèse fixe. En parallèle, j’ai entamé une thèse de Doctorat de 3ème cycle dont le thème était “La régénération parodontale”. Ce thème correspondait à ma passion pour la biologie en général, de la cicatrisation en particulier. Sur le plan clinique, je ne me suis jamais senti passionné par les tailles, les empreintes, la réalisation, le scellement et le déscellement des couronnes et des bridges provisoires … et je me suis donc assez naturellement orienté progressivement, puis intégralement, vers la Parodontologie. Les disciplines chirurgicales génèrent pas mal d’adrénaline, on se doit d’être excellent dans chaque acte, au risque d’en payer les conséquences, et cela correspond bien à mes traits de caractère.
Quelle part représente l’enseignement dans votre pratique ? Pourquoi enseigner est important pour vous ?
Jusqu’il y a peu, l’enseignement théorique représentait près de 30% de mon activité, et l’enseignement clinique à peu près autant. Ces proportions se sont légèrement réduites depuis mon passage en pratique privée, mais j’assure toujours de nombreux programmes de formation continue et je donne de nombreuses conférences. J’adore l’adrénaline d’une intervention chirurgicale transmise en Live ou d’être assisté en salle par des praticiens en formation. Cela a toujours été pour moi un moteur pour me pousser à l’excellence chirurgicale, et je suis dans une période de ma vie ou la transmission du savoir et de l’expérience me procure un très grand plaisir.
Quel est le conseil que vous donnez souvent à vos étudiants ?
Make it simple !
Quel est votre espoir pour le monde de la dentisterie ?
Que les vrais enseignements ne soient pas (trop rapidement) submergés par le show et le buzz des réseaux sociaux …
Pensez-vous qu'il y a des avantages à utiliser un implant monobloc ? Une surface hybride ?
Les implants Soft-tissue Level et monoblocs sont des implants de grande qualité sur le plan biologique car leur étage trans-muqueux est toujours parfaitement biocompatible et non démontable, contrairement à ce qu’il nous est parfois donné de voir avec des implants Bone Level mal gérés, ce qui procure les conditions de base à l’obtention d’une bonne muco-intégration. Et je considère que celle-ci est une condition sine qua non pour une bonne maintenance à long terme de la santé des tissus péri-implantaires.
Quant à une surface implantaire hybride, avec les premières spires assez lisses, il s’agit d’un apport additionnel positif à la prévention de la parodontite, par exemple si la quantité de muqueuse kératinisée n’est pas idéale ou si l’hygiène du patient est imparfaite.
Que peut apporter un col implantaire rétréci au complexe ostéo-muqueux ?
Dans un environnement favorable de muqueuse kératinisée et avec une très bonne hygiène dentaire, un col trans-muqueux rétréci peut entre autres permettre la formation d’un anneau de tissu kératinisé qui assurerait une meilleure protection mécanique de l’adhésion épithéliale, en mimant l’effet des fibres de Sharpey inexistantes sur implants.
Quel pourrait être la place aujourd'hui d'un Soft tissue level dans l'exercice d'un implantologue ?
Comme dit plus haut, ce type d’implants est quasi idéal sur le plan biologique, et est donc très prisé des parodontologues. Ils présentent néanmoins 2 désavantages par rapport à des implants Bone Level gérés en “One abutment-One time”: d’une part ils sont moins versatiles car si le col métallique venait à s’exposer, il ne pourrait pas être démonté et remplacé par un autre composant et seule une intervention de chirurgie muco-gingivale pourrait résoudre le problème. D’autre part, ils n’offrent pas le “platform switching” dont l’effet positif a été décrit à la question 2.