Revue de littérature : Influence de l’épaisseur osseuse sur la réponse de l’os marginal vestibulaire : depuis la pose de l’implant jusqu’au stade 2 16 février 2023
Influence de l’épaisseur osseuse sur la réponse de l’os marginal vestibulaire : Depuis la pose de l’implant jusqu’au stade 2
- The influence of bone thickness on facial marginal bone response: stage 1 placement through stage 2 uncovering
J. R. Spray, C. G. Black, H. F. Morris, S. Ochi
Ann Periodontol 2000 ;5:119-128
La perte d’un implant tardif (échec secondaire) survient après ostéointégration, remodelage osseux physiologique et mise en charge qui seront suivis de la perte de l’os environnant. La vascularisation crestale étant considérée limitée, un soulevé de lambeau entraine une perte osseuse plus ou moins importante sans avoir beaucoup de données sur l’influence de l’épaisseur osseuse résiduelle en vestibulaire des implants.
De plus, après le forage d’un site implantaire, l’épaisseur de cette partie vestibulaire est souvent la plus fine et celle qui pose le plus de problèmes notamment en termes de déhiscence osseuse et muqueuse.
L’objectif de cette étude est d’évaluer :
- les changements dans la réponse de l’os crestal vestibulaire entre la pose de l’implant et le stade 2,
- la relation entre perte osseuse vestibulaire et intégration des implants,
- une épaisseur critique permettant d’obtenir plus fréquemment une stabilité ou un gain osseux.
Matériel et Méthode
L’étude est prospective, multicentrique sur des patients âgés de plus de 20 ans (moyenne 62,9 ans) avec un os basal intact. Différents types d’implants sont utilisés au hasard (randomisés) et les mesures sont réalisées à l’aide d’un compas d’épaisseur et d’une sonde parodontale graduée.
L’épaisseur de l’os résiduel est mesurée juste après le forage implantaire au plus près du rebord marginal à environ 0,5mm (Fig 1). La hauteur osseuse mesurée juste après la pose de l’implant est évaluée entre le sommet de la crête osseuse et le col de l’implant, elle pouvait être positive (au-dessus de la crête) ou négative (sous la crête).
Un total de 3061 implants a été posé et évalué. La stade 2 s’est fait entre 3 et 6 mois selon la densité osseuse et les mêmes mesures sont réalisées entre le sommet de la crête et le col implantaire. Un total de 2685 implants est qualifié, les autres manquaient de données.
Fig 1. Mesure de l’épaisseur osseuse à l’aide d’un compas d’épaisseur et après ostéotomie au plus près de l’os crestal entre 0.5 et 1mm.
Distance entre le col de l’implant (TOI) et le sommet de la crête osseuse (TOCB) mesurée à la pose de l’implant et au moment du stade 2.
Résultats
- Epaisseur osseuse vestibulaire et échecs implantaires ; le taux d’échec primaire était de 2.9% et ce pourcentage diminuait au fur et à mesure que l’épaisseur osseuse augmentait.
- Epaisseur osseuse vestibulaire et gain ou perte ; une tendance est trouvée entre la diminution de la perte osseuse et l’augmentation de l’épaisseur osseuse.
- Perte osseuse vestibulaire et qualité osseuse ; pas de différence significative entre les différentes densités osseuses.
Discussion
Cette étude pas très récente certes, a le mérite d’exister, elle est prospective et concerne un très large échantillon sur un sujet peu développé dans la littérature. Les données recueillies permettent d’analyser la relation entre l’épaisseur osseuse résiduelle vestibulaire et le taux de survie ainsi que le remodelage osseux pendant la phase d’enfouissement. Cette épaisseur osseuse semble influencer le taux de survie des implants mais d’une façon non significative.
Par contre, quand l’épaisseur osseuse approchait les 1.8 à 2mm, la réponse osseuse devenait plus favorable avec moins de perte osseuse et plus souvent ils constataient un gain osseux, d’où l’idée de cette « épaisseur critique » de 2mm. En analysant les données plus loin, on constate qu’entre 1.4 et 1.7mm, la réponse osseuse commençait à s’améliorer. Quand elle faisait moins, il y avait une vraie tendance à perdre plus d’os pendant le délai de cicatrisation.
Conclusion
L’épaisseur osseuse ne semble pas influencer d’une façon significative le taux de survie des implants et la densité osseuse ne parait pas non plus jouer un rôle en rapport avec le remodelage osseux crestal.
Cependant, cette épaisseur osseuse « seuil » de 2mm en vestibulaire semble d’après cette étude primordiale pour la stabilité osseuse autour de nos implants. Ces données renforcent nos convictions sur l’intérêt de préserver ou de créer un volume osseux suffisant autour des implants et en particulier du côté vestibulaire (Fig 2). Il faudrait sans doute, dans un autre journal du Study Group, discuter des travaux récents de Zucchelli qui mise plus sur l’épaisseur muqueuse à mettre en parallèle avec l’épaisseur osseuse.
Fig.2 : Exemple de 2 implants (Kontact Monobloc, Biotech) posés après augmentation osseuse intra-sinusienne et crestal ce qui a permis d’obtenir les 2mm côté vestibulaire, valeur seuil pour une meilleure stabilité osseuse crestale.